Sans le cinéma, la vie serait une erreur

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Les cinéphiles

Lorsque je parle de cinéma ou d’autres arts en général avec des amis, j’ai souvent l’impression d’être assez incompris. Je crois tout simplement que quand on a vu quelques milliers de films, on voit forcement le cinéma et plus généralement toutes les images ou même les écrits quels qu’ils soient différemment de ceux pour qui ça compte moins dans leur vie.

Et de façon étonnante je crois que cette incompréhension est partagée par beaucoup de cinéastes ou de créateurs d’art en général, même « amateur » (ce qui ne veut pas dire grand chose par ailleurs, littéralement « celui qui aime »). Les artistes ne sont pas intéressés par leur art pour les mêmes raisons que leur public le plus fervent.

Beaucoup de réalisateurs affirment ne pas voir beaucoup de films. Evidemment il existe des cinéastes « cinéphages » comme Tarentino par exemple, mais ils sont finalement assez rares et leurs productions se détachent assez nettement des autres en étant souvent très référentielles, ce qui n'est pas forcément une bonne chose (Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, j'aime bien Tarentino - sauf son premier film, Reservoir Dogs). De même, beaucoup de photographes n’aiment pas particulièrement regarder les photos des autres. D’ailleurs, si vous vous intéressez un peu à la photographie (et même si ça ne vous intéresse pas tant que ça), les Seven Levels of Photographers de Ken Rockwell devraient vous amuser.

De l'autre côté, beaucoup de cinéphiles purs et durs, ceux qui ont vu plusieurs milliers de films, n'ont aucune envie de réaliser un film, même « amateur ». Le dévoreur d'images est beaucoup plus intéressé par le flot des images qui passent devant lui ou qu'il a déjà vu. Et dans ce flot, le cinéphile ne fait pas de distinction amateur/professionnel, grosses ou petites productions ou de distinction de genres ou de types d'oeuvres. Les dessins animés sont sur le même plan que les films « filmés », les photos « amateurs » avec les photos « professionnels », les films de cinéma avec les séries télé,… Tout est a égalité dans le flot des images. Même moi qui ne suis pas trop intéressé par le foot, je comprends les critiques des Cahiers du Cinéma qui placent des matchs de foot dans les meilleurs films de l'année !

Tout en s'émerveillant toujours autant devant certaines Å“uvres, on prend aussi naturellement un certain recul en replaçant les images qui est en train de voir dans ce « flot ». De façon un peu extrême, je pourrais dire que même quand je regarde des photos de vacances, j’aurais tendance à oublier qui se trouve dessus et ne voir que la photo en elle-même.

Et suivant la formule de Fritz Lang « Tout le monde a le droit de critiquer », le cinéphile a une mauvaise manie, il donne son avis sur tout, il classe, il compile des listes de ses films préférés... Il s’intéresse aussi à ce qu'en pensent les autres et donc à la Critique. Devant les réactions quand je sors le mot « Critique », j’ai souvent l'impression que je sors un revolver. Peu de gens lisent vraiment de bonnes critiques, celles qui vous font aimer le cinéma, qui vous font partager cette passion, comme le font les Cahiers du Cinéma, Les Inrockuptibles, ou Skorecki dans Libération. D’ailleurs c’est certainement parce que je tiens la Critique en très haute estime que je ne joue pas moi-même au critique sur ce blog, parce que faire une bonne critique c’est difficile, et que je suis un peu faignant…

L’ « artovore », cinéphile, lecteur, mélomane,… a également tendance à s’accaparer le flot des images, des sons et des écrits. Je crois profondément que l’Art appartient au public, pas aux artistes. Je pourrais dire que les spectateurs, les lecteurs, les publics de toute sortes font l'Art autant sinon plus que les artistes. Ce sont eux qui décident de ce qui est important, de ce qui les touche, de ce qui est beau, de ce qui est remarquable, étonnant,... et donc de ce qui va se distinguer. Ce sont les cinéphiles qui ont fait Citizen Kane autant qu'Orson Welles. En effet un livre que personne ne lit, un film ou des photos que personne ne voit n'existent pas. Jean Renoir disait qu'une Å“uvre d'art où le spectateur et le critique n'apportent pas leur part n'est pas une Å“uvre d'art.

Maintenant, j’attends vos critiques sur ces quelques idées dans les commentaires…

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